Il faut réduire la circulation pendulaire sur l’A35 à Strasbourg. Tout le monde s’entend là-dessus. Le 5 juillet dernier, un certain nombre de mesures ont été proposés dans cette optique lors d’une réunion à Strasbourg :
– Améliorer les transports collectifs et le covoiturage
– Améliorer la visibilité des gares SNCF et proposer un titre de transport unique SNCF/CTS
– Interdire les poids lourds de transit aux heures de pointe et développer « le dernier kilomètre propre » pour la desserte locale.
– Instaurer une écotaxe
– Penser les transports au niveau européen
– Séparer les flux sur l’A35 pour éliminer les bouchons et limiter la pollution
– Réduire la part du diesel et mieux isoler les maisons
– Travailler sur un schéma régional d’aménagement et de transports, mettre en œuvre la trame verte
– Rebasculer les crédits GCO vers des solutions pérennes
– Rélocaliser la production notamment agricole
Vous trouverez ces propositions détaillées ici.
A y regarder de plus près, le véritable enjeu n’est pas seulement de réduire la circulation pendulaire mais de réduire le trafic automobile dans le Bas-Rhin. Pour éviter les heures de bouchons pour les usagers de l’A35 mais aussi et surtout pour la préservation de notre santé et l’avenir de notre planète. Ainsi, 70 médecins strasbourgeois ont tout récemment écrit au Président de la République pour alerter sur la pollution très importante dans le Bas-Rhin et ses conséquences catastrophiques sur notre état de santé. Rappelons que plus de 1 000 études démontrent la responsabilité importante des microparticules dans l’apparition des maladies cardio-vasculaires et Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC) et que l’Alsace détient le triste record de France de cette augmentation des AVC : + 164% de 2003 à 2014 dans le Bas-Rhin contre + 70% de moyenne nationale. En outre, l’AVC devient une pathologie de jeune. « Les AVC interviennent de façon plus précoce en Alsace qu’en moyenne nationale : la part des AVC concernant les moins de 65 ans est de 28% en Alsace contre 22.5% sur la France entière ».
A quand une réflexion sérieuse sur ce problème de la part des pouvoirs publics ? Ceux-ci semblent obsédés par le GCO, qui parasite depuis des années toute tentative de discussion sur le désengorgement de l’A35 (dont ce n’est pas l’objectif, faut-il le rappeler). Non content de collectionner les avis défavorables (7 à ce jour dont deux en juin et juillet 2018), le GCO trouverait sa justification, selon ses partisans, dans l’attractivité économique de la région. Mais se conformer au plan européen de transport des marchandises sur un axe nord-sud entraînerait un risque important de faire de l’Alsace un lieu de passage privilégié pour les poids lourds (déjà attirés par l’absence d’écotaxe) en plus de créer un appel d’air pour une circulation automobile de plus en plus importante. C’est en tout cas ce qui est constaté dans des cas similaires dans d’autres régions en Europe et dans le monde. Et la qualité de l’air, déjà mauvaise en France et notamment en Alsace, en pâtirait plus encore.
L’attractivité économique est importante mais la favoriser au détriment de la santé et du bien-être des citoyens est une impasse. Des alternatives existent et il est temps d’en discuter sérieusement.