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Le lobby des consommateurs européens

Tout savoir (ou presque) sur le BEUC

Du 14 au 16 juin dernier, quatre cents participants se sont rendus sur la presqu’ile de Giens où se tenait l’Assemblée Générale 2019 de l’UFC-Que Choisir. Deux jours de travail intensif et instructif, qu’a résumé pour nous en deux « épisodes », Daniel Ernst, trésorier de l’UFC 67 qui y représentait notre association locale UFC 67 avec Didier Cornu son président et Hélène Kahn administratrice.
Après le premier épisode qui détaillait l’assemblée générale proprement dite publié dans notre newsletter de Juillet, Daniel évoque le temps fort de la séance plénière du dimanche cristallisé autour de l’intervention de Monique Goyens, Directrice Générale du Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC).

Le BEUC qu’est-ce que c’est ? Cet acronyme pas très heureux signifie Bureau Européen des Unions de Consommateurs. Créé en 1962, il rassemble aujourd’hui plus de 40 associations de consommateurs de 30 pays différents, dont certains non-membres de l’Union Européenne. Pour la France, outre l’UFC-Que Choisir, la CLCV en est également membre.

Les parlementaires européens, la commission et tous les organismes des institutions européennes ont de tous temps été assiégés par les lobbies industriels. Ceux-ci défendent les intérêts de leurs groupes (tabac ; alcools ; phytosanitaire ; pharmacie ; assurances etc.) en influant le plus possible la rédaction des tests législatifs et réglementaires. En caricaturant à peine on dira qu’il s’agit de maximiser la rentabilité et de limiter les contraintes et contrôles.

Les unions de consommateurs quant à elles se préoccupent du droit et de la santé des personnes qui achètent ce qui est vendu par ces groupes.

Il était donc logique et même incontournable que les unions de consommateurs soient elles aussi représentées auprès des institutions européennes pour faire autant que possible contrepoids aux lobbies. Il va sans dire que nos moyens financiers sont dans un rapport de 1 à 1 000 avec les moyens des lobbies industriels. Mais le BEUC n’invite pas à de grands déjeuners, ni à des colloques en pays exotiques ou autres. Cela limite ses besoins.

UFC-Que Choisir est l’un des 6 membres fondateurs du BEUC et a toujours siégé au sein de son conseil d’administration. Le BEUC est financé par les contributions de ses membres. L’UFC-Que Choisir est le sixième contributeur.

Qu’apporte le BEUC ?

Au départ le BEUC servait surtout de caisse de résonnance pour les différentes priorités de chacun de ces membres. Depuis plusieurs années, les actions sont coordonnées et le BEUC défend une position unique sur un thème donné. Les consommateurs de tous les pays européens parlent donc d’une seule voix.

De plus, via le BEUC, une mutualisation des ressources tant en termes de capacité de tests qu’en termes d’expertises pointues est possible.

Et bien évidemment, les sondages et pétitions sont coordonnées au niveau européen, ce qui donne beaucoup plus de poids et d’impact à ses actions.

Principaux domaines d’intervention

Depuis sa création, le BEUC est intervenu pour défendre et asseoir les droits des consommateurs, notamment sur les problématiques telles que :

  • La sécurité des aliments : « de la fourche à la fourchette »
  • La sécurité générale des produits
  • La sécurité des substances chimiques
  • Les droits des consommateurs dans les ventes
  • Les télécoms (l’itinérance, les appels internationaux)
  • Les services bancaires, le crédit
  • Les droits des passagers aériens
  • Les médicaments
  • La protection des données.

Il assure une coordination meilleure et plus rapide en temps de crise (cas récent des steaks hachés impropres à la consommation).

Actions hors Europe

Le BEUC défend également les droits des consommateurs au niveau international, hors Europe, en particuliers dans les négociations portant sur :

  • Les AOP et autres protections géographiques
  • Les poulets au chlore
  • La protection des données
  • Le commerce en ligne

Il est aussi fer de lance dans la défense des droits des consommateurs vis-à-vis des GAFA.

L’Europe est par ailleurs (largement) en avance en termes de défense des droits des consommateurs. Les limitations, contrôles et contraintes que nous avons pu imposer en Europe inspirent les législateurs et les associations des autres pays (États-Unis, Inde, Chine etc.). C’est d’ailleurs en comparant les (non) législations de ces pays qu’on se rend compte que les actions des unions de consommateurs européens n’ont pas été vaines.

De nouvelles problématiques

L’accélération du numérique, du commerce en ligne, des réseaux sociaux, a fait émerger de nouvelles problématiques auxquelles il faut apporter des réponses sécurisées. Un premier exemple est la tendance vers le « tout en ligne ». Ne faut-il pas définir un droit du consommateur à une vie hors ligne (non connecté, non localisé etc.) ?

Le second exemple est l’intelligence artificielle qui porte en elle le risque de fin du libre choix du consommateur (la machine décide, mais en fonction de quels critères ?)

Mais le défi le plus important est sans aucun doute le réchauffement climatique et la dégradation de la biosphère. Y répondre nécessite la fondamentale transformation du mode vie, de production et de consommation. La question pour le BEUC (et toutes les associations de consommateurs) étant : comment aider les consommateurs à contribuer à la solution ?

 

Daniel Ernst

Administrateur UFC – Que Choisir 67