En France, 1.300 milliards litres d’eau sont perdus chaque année pour cause de fuites dans les canalisations. Sur une population de 67 millions d’individus, cela représente presque 20.000 litres par personne ! La Journée mondiale de l’Eau organisée par l’Unesco ce 22 mars est l’occasion de faire le point sur l’urgence d’une gestion durable de l’eau douce. Y compris à notre échelon local.
Un cinquième de l’eau douce puisée et produite se perd dans la nature faute d’un réseau de distribution en bon état.
L’équivalent du contenu d’une piscine olympique par semaine
Représentant les usagers dans diverses CCSPL, (Commissions consultatives des services publics locaux), des adhérents de l’association locale UFC-Que Choisir du Bas-Rhin, ont constaté que, comme partout en France, l’adduction d’eau fait face à deux principaux problèmes. Le premier concerne la mauvaise étanchéité des canalisations d’adduction d’eau potable du fait de tuyaux trop souvent obsolètes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour ne citer que la ville de Brumath, sur un réseau d’adduction qui s’étire sur 65 km, les pertes liées aux fuites, sont de l’ordre de 5,3 m3 par jour et par km, soit le contenu d’une piscine olympique chaque semaine !
Plus de 100 ans pour renouveler toutes les canalisations
Très alarmant aussi, le niveau des rénovations des canalisations usées. Leur réhabilitation concerne souvent moins de 1 % des équipements ! A ce rythme-là, il faudrait plus de 150 ans pour renouveler toutes les canalisations dont la durée de vie moyenne est de l’ordre 80 ans. Plus inquiétant encore, est le rythme de renouvellement des réseaux d’évacuation des eaux usées – destinées à être dépolluées avant d’être rejetées dans le milieu naturel. Si perdre de l’eau douce dans le sous-sol n’induit pas de dégât écologique, il n’en va pas de même pour les eaux usées.
A continuer ainsi, il est probable qu’à terme nous n’échapperons pas à des ruptures de canalisations en série. Il faudra bien alors passer à l’acte. Mais l’addition risque d’être salée au regard des investissements qu’impliqueront des travaux de rénovations intensifs. Dans le Bas-Rhin la gestion de l’eau est très majoritairement confiée au Syndicat des Eaux et de l’Assainissement Alsace-Moselle (SDEA), un établissement public de coopération qui fédère des communes, des groupements de communes (communautés de communes et d’agglomération). Reste à savoir si les délégataires pourront assumer les investissements lourds de remise en état des canalisations. Ce ne sera certainement pas sans incidences sur les factures d’eau des consommateurs ! Raison de plus comme le suggère Christelle Pezon, chercheuse dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement d’associer les usagers à la gestion de l’eau, un bien commun.